Colloqueinternational

LA RHÉTORIQUE ET LES FORMES DE LA CULTURE EUROPÉENNE. DE LA TRADITION AUX DÉFIS CONTEMPORAINS

Kaunas, 6 et 7 mai2016

SanzioRaffaello.TheSchoolofAthens(1509)§

Département de littérature lituanienne, Faculté des Humanités – VDU Faculté de Lettres, Traduction  et Communication, LaDisco – ULB

Les études culturelles constituent aujourd’hui l’un des domaines privilégiés d’étude et d’actualisation de la rhétorique – pris comme phénomène social et langagier, mais aussi comme outil culturel destiné à l’exercice de la liberté en démocratie. Au seuil des XVIIIe et XIXe siècles, une rupture épistémique s’est produite en Europe entraînant le progressif abandon de l’arrière-plan rhétorique qui avait prévalu jusqu’alors. L’analyse de l’actualité récente témoigne, à bien des égards, d’une tendance  constante  à minimiser  ou à occulter  les conséquences  d’un tel abandon. Ces conséquences ont trait aux moyens – discursifs notamment –  dont  nous  disposons  pour  s’orienter et pour décider dans un monde flou, incertain, précaire, en mobilisant les ressources de la  raison  pratique.  En effet, comme l’avance  le philosophe Chaïm Perelman,  c’est avant  tout le « mépris de la rhétorique »   et « l’oubli de la théorie de l’argumentation, [qui] ont mené à la négation de la raison pratique » ; mené, d’une manière ou d’une autre, à la guerre et au mépris des hommes. Reconnaissons-le, la rhétorique ne saurait être la prérogative des « experts » auto-proclamés, ni le pré carré des spécialistes de la langue. Elle relève,  Aristote l’assurait déjà, d’une compétence commune à tous les hommes ; tous les citoyens. Une compétence qu’il importe, justement, d’apprendre à fréquenter pour s’en rendre maître. Chacun doit pouvoir, en conscience, faire fond sur l’antique technè du discours pour se défendre et accuser ; pour s’engager  ou pour refuser l’engagement ; pour ne  pas rester sans autre voix que celle de la violence. Faute d’une maîtrise concrète des outils culturels de la  rhétorique, la parole est vouée à n’être pratiquée qu’au  petit bonheur la chance, sans nulle méthode et, surtout,    sans conscience. C’est ce qu’il nous appartient d’investiguer   dans le cadre de ce colloque.

Une attention particulière sera portée aux questions suivantes  :

  • Le destin de la rhétorique n’a-t-il pas contribué à rendre plus difficile encore la reprise des formes
    http://www.wga.hu/support/viewer/z.html

universelles de la culture européenne ?

  • La pratique de la rhétorique est-elle un moyen pour se prémunir des dérives funestes du consensus de façade et du verbe creux?
  • En quel sens la rhétorique peut-elle donner accès aux sources culturelles européennes susceptibles d’apporter au discours public contemporain un intertexte culturellement plus   riche ?
  • Le concept de sublime formulé dès l’Antiquité peut-il aider à dépasser la dimension pathétique et la grandiloquence déclarative des discours publics contemporains   ?
  • La rhétorique, telle qu’on l’enseigne dans les universités, est-elle en prise avec la tradition culturelle dont  elle est issue ? La façon dont nous la concevons répond-elle aux besoins d’une formation citoyenne proprement  humaniste?
  • Comment et pourquoi transmettre les outils de la rhétorique aujourd’hui ? Dans quelle mesure l’apprentissage de l’incertitude et de la vulnérabilité constitue-t-il un enjeu rhétorique, mais aussi démocratique de premier ?

Nous invitons les chercheurs en rhétorique, études culturelles, philosophie, littérature, linguistique, science politique, à nous faire parvenir d’ici le 26 février 2016 leurs propositions de communication (200-300  mots  environ),  à l’adresse suivante :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..”>j.petrulionyte@hmf.vdu.lt.

Langues du colloque : lituanien, anglais,  français

Bibliographie indicative

– AMOSSY Ruth, Apologie de la polémique, Paris, PUF, coll. « L’interrogation philosophique », 2014.

– ANGENOT Marc, Dialogues de sourds. Traité de rhétorique antilogique, Paris, Éd. des Mille et Une nuits, coll.
« Essais »,2008.
– AUBENQUE Pierre, La prudence chez Aristote, Paris, PUF, 1993 [1963].
– BUCKLEY Irena, « La règle équivoque du jeu linguistique chez des élus : parler sert-il à exprimer ou bien à cacher sa pensée ? », dans J.-P. DUPOUY, G. LOZACHMEUR, et al. (éd.), Le jeu de mots. De la cons- truction esthétique à la déconstruction transgressive, Univ. de Bretagne Occidentale, HCTI – Héritages et constructions dans le texte et l’image, 2012, p. 109-116.
– DANBLON Emmanuelle, L’Homme rhétorique: culture, raison, action, Paris, Éd. du Cerf, 2013.
– DANBLON Emmanuelle, Rhétorique et rationalité. Essai sur l’émergence de la critique et de la persuasion, Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 2002.
– DELANNOI Gil, Éloge de la prudence. Essai, histoire, théorie, Paris, Berg International, coll. « Pensée Politique et Sciences Sociales », 1993.
– DUPRÉEL Eugène, Les Sophistes. Protagoras, Gorgias, Prodicus, Hippias, Neuchâtel – Paris, Éd. du Griffon – PUF, coll. « Bibliothèque scientifique », 1948.
– GOYET Francis, Le sublime du lieu commun. L’invention de la rhétorique dans l’Antiquité et à la Renaissance, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque littéraire de la Renaissance », 1996.
– GOYET Francis, Les Audaces de la prudence. Littérature et politique aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Éd. Classiques Garnier, coll. « Études Montaignistes », 2009.
– GUSDORF Georges, La Vertu de force, Paris, PUF, 1960 [1956].
– GUSDORF Georges, La Parole, Paris, PUF, 1953.
– NICOLAS Loïc, « Exercer et pratiquer la rhétorique dans la tradition humaniste de l’École de Bruxelles : Auguste Baron, Eugène Dupréel, Chaïm Perelman », Exercices de rhétorique, n° 5 (dir. Victor Ferry et Benoît Sans), 2015. En ligne : http://rhetorique.revues.org/423.
– NICOLASLoïc,«L’épidictique:assiseetpivotdel’édificerhétorique»,RIFL–RivistaIitalianadiFilosofiadel

Linguaggio, 2015, p. 33-47. En ligne : http://www.rifl.unical.it/index.php/rifl/article/view/251/240.
– NICOLAS Loïc, « Rhetoric with a Human Face: Practicing and exercise argumentation for emancipation », Jo-Anne D. ANDRÉ (ed.), Borders without Boundaries: Research and Pedagogy in Writing and Discourse, CASDW, 2015, p. 82-95. En ligne : https://casdwacr.files.wordpress.com/2015/06/casdw-proceedings- 2014.pdf.
– NICOLAS Loïc, « L’évidence du complot : un défi à l’argumentation. Douter de tout pour ne plus douter du tout », AAD, n° 12, 2014. En ligne : http://aad.revues.org/1833.
– NICOLAS Loïc, « L’exemple ambigu ou la phronèsis du phronimos », DICE, n° 8/2, 2011, p. 27-48. En ligne : http://www.diacronia.ro/ro/indexing/details/A4039.
– NICOLAS Loïc et Emmanuel DE JONGE, « Limites et ambiguïtés rhétoriques du discours pamphlétaire : vers l’abandon d’une pratique sociale ? », dans Mots. Les langages du politique, ENS Éditions, n° 91, novembre 2009, p. 51-65. En ligne : http://mots.revues.org/19205.
– NUSSBAUM Martha, Les Émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ?, trad. Solange Chavel, Paris, Climats, 2011[2010].
– PERELMAN Chaïm, L’Empire rhétorique. Rhétorique et argumentation, Paris, J. Vrin, 2002 [1977].
– PERELMAN Chaïm & OLBRECHTS-TYTECA Lucie, Traité de l’Argumentation. La Nouvelle Rhétorique, 5e éd., Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 2000 [1958].
– REGGIANI Christelle, Éloquence du roman. Rhétorique, littérature et politique aux XIXe et XXe siècles, Genève, Droz, coll. « Histoire des idées et critique littéraire », 2008.
– SALAZAR Philippe-Joseph, L’hyperpolitique, une passion française, Paris, Klincksieck, coll. « Pouvoirs de persuasion »,2009.
– SENNETT Richard, Ce que sait la main. La culture de l’artisanat, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Albin Michel, 2010[2008].
– TALEB Nassim Nicholas, Le Cygne Noir. La puissance de l’imprévisible, trad. Christine Rimoldy, Paris, Les Belles Lettres, 2012 [2007].
– TALEB Nassim Nicholas, Antifragile. Les bienfaits du désordre, trad. Lucien d’Azay et Christine Rimoldy avec la collaboration de l’auteur, Paris, Les Belles Lettres, 2013 [2012].
– TRÉDÉ Monique, Kairos : l’à-propos et l’occasion. Le mot et la notion, d’Homère à la fin du IVe siècle avant J.-C., Paris, Klincksieck, coll. « Études et commentaires », 1992.
– VERNANT Jean-Pierre, Mythe et pensée chez les Grecs. Étude de psychologie historique, tome 2, Paris, François Maspero, 1978[1965].

Au nom du comité d’organisation :
Prof. Irena BUCKLEY

Vytauto Didžiojo universitetas (VDU) Faculté  desHumanités

Département de littérature lituanienne Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.”>i.buckley@hmf.vdu.lt

Dr.  Loïc NICOLAS

Université libre de Bruxelles (ULB)

Faculté de Lettres, Traduction et Communication LaDisco,GRAL

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